Les conditions dans lesquelles se trouvent les Subsahariens en Tunisie sont odieuses. Il n’en reste qu’une poignée à Sfax après le déchaînement de violence raciste en juillet, au cours duquel de nombreux migrants ont été conduits de force dans une zone désertique, dans des conditions déplorables.
Lors d’une violente altercation entre un Tunisien et des Subsahariens, un Tunisien a perdu la vie. Cette tragédie a déclenché une vague de violences xénophobes et racistes dans la ville de Sfax. Le climat était déjà tendu dans le pays suite à un discours empreint de haine du président Kaïs Saïed contre l’immigration.
Un couple camerounais a été expulsé de leur domicile par un groupe de Tunisiens armés de couteaux et de machettes. Plusieurs migrants ont témoigné que ces Tunisiens avaient fait usage d’armes blanches lors de ces expulsions, et ils en ont informé les médias ainsi que les organisations non gouvernementales (ONG).
Ce couple camerounais est arrivé en Tunisie à la fin du mois d’avril dans des conditions très difficiles. Pendant plusieurs semaines, le couple a réussi à travailler en accomplissant diverses tâches, comme la plonger dans les restaurants, la collecte de plastique dans les décharges et la récolte des olives dans les champs. Ils gagnaient ainsi 20 dinars par jour (environ 6 euros), ce qui leur permettait de survivre et de payer le loyer d’une maison partagée avec six autres personnes. Cependant, tout a changé au début de l’été.
Le couple a réussi à s’échapper et à se cacher, abandonné à eux-mêmes. Demander de l’aide présente le risque d’être dénoncé. Des Tunisiens ont accepté de leur louer une maison que le couple partage avec d’autres exilés, moyennant un montant de 100 dinars. La situation d’insalubrité dans laquelle vivent ces exilés est moins préoccupante par rapport à ce confinement et cette peur constante due à leur face de police.
« Ils ne sont pas acceptés ni dans les taxis, ni dans les bus, ni dans les boutiques. Sans possibilité de travailler, ils vivent grâce à certains dons. D’autres sont laissés à eux-mêmes dans les rues ; certaines femmes, qui sont avec des bébés sous les bras, vivent dans des pièces où les fenêtres et les portes doivent rester fermées. Certaines étaient malades et n’avaient rien mangé depuis plusieurs jours, dans des conditions d’hygiène malsaine. Cette situation constitue un crime contre l « l’humanité ».
Nathalie Ayissi